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                CHRONIQUE D'OCTOBRE 1899                    377

Saône, le 5 octobre; tandis que le même jour, les perquisi-
tions, en vue d'établir, contre toute évidence, l'existence du
fameux complot panaché dont connaîtra la Haute-Cour,
recommencent à Lyon, chez M. Pierre de Saint-Victor, che-
min de Francheville, un lettré lyonnais, un philatéliste
même, — c'est dire s'il songeait peu à conspirer—d'où les
policiers reviennent aussi bredouilles qu'un chasseur quêtant
un lièvre à Vénissieux.
   Mais notre vie n'est pas suspendue aux exploits tracassiers
de messieurs du Parquet; et le 5 octobre n'en apportait pas
moins aux amis des arts une bonne nouvelle. Un jeune archi-
tecte, — est-elle assez privilégiée, cette année, l'architec-
ture ! — M. Alexandre Bruel, né à Lyon, le 3 mai 1869,
élève de MM. Blondel et Sellier de Gisors, recevait de l'Aca-
démie des Beaux-Arts le prix Chaudesaigues, l'envoyant
pour deux ans en Italie, comme son collègue, notre compa-
triote, le nouveau prix de Rome, M. Vermare.
   J'ai parlé de M. Pierre de Saint-Victor, le philatéliste ; il
a dû tressaillir d'aise, malgré les ennuis de ses perquisitions,
en apprenant que Luc-Olivier Merson venait d'accepter de
l'Etat la commande de la nouvelle vignette qui va courir le
monde sur nos lettres en 1900, le timbre-poste de l'Expo-
sition.
   Si on songe qu'à la même époque nous aurons les pièces
de 40 francs et de 100 francs de Chaplain et la grande
Semeuse de Roty, la semeuse de 5 francs, que la Convention
monétaire internationale tient toujours en charte privée, on
devine la joie qui régnera bientôt dans le monde des collec-
tionneurs.
   Le 8 octobre, grande fête à Limonest, pour l'inauguration
des plaques commémoratives des morts de 1870; la même
nuit, on assassinait à Champagne un pauvre diable dont les