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                           AUGUSTE BRIZEUX                      121

les Ternaires, 1841. Enfin, issu de la race celtique, je ne
devais pas négliger sa langue : plus d'un chant de la Harpe
d'Armorique ou Telen Arvor (poésies en langue celtique
avec une traduction française en regard, 1844), destiné à
raviver la pensée et la poésie nationales, s'est répandu dans
nos campagnes ». Il faut ajouter qu'une Poétique nouvelle,
en 1855, compléta par un essai théorique l'ensemble de ces
œuvres et, mieux que la Fleur d'or, résuma la vie intellec-
tuelle et la physionomie morale de Brizeux (1).
   Marie n'est pas un « roman », comme le poète l'avait
d'abord appelée : c'est un « poème », ou plutôt, ainsi que
l'écrivait Brizeux lui-même, « une idylle, une histoire
d'amour entremêlée d'épisodes et d'idées. »
   La dédicace en est exquise : A ma mère, dit le poète.
     Prends ce livre qu'ici j'écrivis plein de toi,
     Et tu croiras me lire et causer avec moi.
     Si ton doigt y souligne un mot frais, un -mot tendre,
     De ta bouche riante un jour j'ai dû l'entendre :
     Son miel avec ton lait dans mon âme a coulé;
     Ta bouche en mon berceau me l'avait révélé.
   L'héroïne du livre, ou plutôt des huit pièces qui lui sont
consacrées, est une paysanne bas-bretonne, habitante du
Moustoir, qui, tous les dimanches, vient à l'église, « pieds
nus », se cachant à demi sous sa coiffe de lin.
   Le jeune clerc d'Arzano l'a remarquée au catéchisme, et
les jours d'école buissonnière, ils se retrouvent le long des
haies odorantes ; ils cueillent les marguerites ; ils passent de
longues heures assis au pont Kerlô et regardent couler les
flots, nager les poissons, ou voler les papillons et les libellules.


  (r) Lecigne, p. 456-7.