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82 SAINT NIZIEK
l'action, il fut prompt à rendre la justice aux humbles, la
liberté aux prisonniers, la paix aux vaincus; attentif surtout
à diminuer les charges publiques, à briser les tyrannies
sociales, à établir sur le travail, la fraternité et la prière,
les bases nécessaires d'une civilisation naissant à peine, au
souffle de l'Evangile, et lente à se constituer, dans la fusion
des débris de la puissance romaine et des éléments du monde
germanique, si voisins du chaos.
Et par un retour, malheureusement trop rare, jamais
ministère sacré ne fut entouré de plus d'honneur et de
vénération. Les services engendraient la considération ;
l'obéissance s'étendait avec la renommée. On ne discutait
pas des ordres qui étaient estimés comme des bienfaits;
chacun s'empressait de s'engager sous la plus paternelle et
la plus indulgente des tutelles. En contemplant cette harmo-
nieuse entente du pasteur et du troupeau, en observant les
heureux effets d'une union ouvertement et sans cesse pro-
clamée, les paroles du Sauveur viennent naturellement Ã
l'esprit : sans hésitation comme sans hyperbole, on applique
à saint Nizier et au diocèse qu'il a dirigé ce signe d'un
sacerdoce fécond et d'une docilité bénie : Cognosco oves meas
et cognoscunt me mut.
Règle essentielle de l'activité apostolique ; idéal sublime
et familier à la fois du prêtre catholique, averti de disposer
des grâces, dont il est l'intermédiaire, avec une prudence
avisée et une libéralité assez large pour gagner tous les
cœurs.
Pendant vingt et un ans que saint Nizier fut à la tête de
son église, la cité lyonnaise vécut dans cette concorde et.
dans cette félicité. Elle en goûta les charmes, elle en res-
sentit les précieux avantages. Les croyances catho-
liques s'affermirent et s'étendirent; les restes des supers-