page suivante »
30 LES IMPRIMEURS LYONNAIS
Nulle part au xvi e siècle, en aucun temps et en aucun
pays, non pas même à Venise vers la fin du x.vc siècle et
au commencement du xvi% les imprimeurs et les libraires
n'ont été, comme ceux de Lyon, pénétrés du sen-
timent du beau, n'ont relevé leur profession par la cons-
cience, le soin et le goût de l'exécution, n'ont cherché Ã
satisfaire les yeux du lecteur, autant que son esprit. C'est
à l'illustre Jean de Tournes, premier du nom — typogra-
phoriim higduiiensium facile princeps, — merveilleusement
secondé d'ailleurs par son fidèle Bernard Salomon, que
revient, en bonne partie, l'honneur d'avoir ouvert cette
voie brillante et d'y avoir marché, entraînant à sa suite les
Rouville, les Bonhomme, les Honorât et tant d'autres, dont
M. Baudrier nous rappellera successivement les mérites. Les
typographes lyonnais de la grande époque ont eu, d'autre
part, la bonne fortune d'exercer leur art dans une ville alors
le centre d'un mouvement littéraire intense, original et
indépendant, de cette école littéraire qui, succéda à celle de
• Marot, ouvrit les voies à la Pléiade et dont Louise Labé et
Maurice Scève sont les plus illustres représentants.
Ainsi se sont produites, par le concours fécond des écri-
vains, des imprimeurs et des dessinateurs, ces œuvres qui
captivent encore aujourd'hui l'attention des lettrés autant
que l'admiration des bibliophiles.
On ne saurait demander au grand public d'apprécier les
travaux de bibliographie savante; il ne saurait se rendre
compte des difficultés et des peines que comportent les
recherches de ce genre ; il confond volontiers bibliogra-
phie et bibliomanie et c'est à peu près la seule récompense
que l'on puisse attendre de lui, mais c'est un motif de
plus, pour les érudits et les lettrés, de rendre aux auteurs
de pareils travaux la justice qui leur est due et de leur en