Revue du Lyonnais » série 5 - n°11 ( 1891 ) » pp.360

                RÊVERIES D'UN SONGE-CREUX



   Il vaut mieux s'en prendre, des maux qui nous arrivent,
aux éléments qu'aux hommes : c'est toujours plus chari-
table, et c'est souvent plus juste.
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  L'homme naît-il bon ou mauvais ?
   L'homme est né bon, en ce sens que tout individu,placé
dans des conditions favorables et parfaitement adaptées à
sa nature, irait naturellement au bien.
  L'homme naît mauvais, en ce sens que, s'il n'est pas pré-
muni et affermi par l'éducation contre les dangers et les
tentations de la vie, il peut très bien tourner au mal, aux
premières difficultés qu'il rencontre.
   Il naît virtuellement bon, mais effectivement mauvais.
C'est dans ce sens, et avec cette limite, que les philosophes
spiritualistes, qui disent que l'homme est naturellement bon,
et que les théologiens, qui soutiennent qu'il naît mauvais,
ont raison chacun de leur côté.
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  L'homme naît bon, mais la vie lui enseigne prompte-
ment le mal. Ce n'est pas sa nature qui l'y contraint,
comme disent les théologiens, ce n'est pas la société,
comme dit l'Ecole de Rousseau, ce n'est pas l'état social
actuel, comme le prétendent les socialistes, c'est la vie, tout
ce qu'il voit souffrir et tout ce qu'il souffre.

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  Il est des hommes sans vice ni vertu, dont on peut dire
que tous les courages leur ont manqué, même celui du
mal.