Revue du Lyonnais » série 5 - n°11 ( 1891 ) » pp.358

 358            RÊVERIES D'UN SONGE CREUX



    L'impossibilité de ramener la circonférence et son dia-
mètre à une commune mesure, l'irréconciliabilité de la
ligne droite et de la ligne courbe, figurée en mathématiques
par le nombre w, est une image du divorce constant de la
réalité et de l'idéal. La ligne courbe c'est la nature, k vie ;
la ligne droite c'est l'idée pure, l'idéal, la pensée divine.


   Souvent toute la philosophie morale qu'un homme s'est
faite et même qu'il a pu rédiger en un corps de doctrines,
n'a pas eu d'autre origine que le besoin pour lui de s'ab-
soudre à ses propres yeux d'une faute, ou de s'expliquer à
lui-même un mystère de sa vie.


   L'art tient lieu de religion à bien des gens qui n'en ont
pas d'autres ; cela vaut mieux qu'aucune, mais cela ne
vaut pas une religion morale ; le beau ne vaut pas le bien,
il est en tout cas plus discutable, plus individuel, moins
élevé dans l'échelle des idées rationnelles, plus près des
sens et moins près de l'absolu.


   Notre vie est un drame pour nous et une comédie pour
les autres, tragédie sur la scène, vaudeville dans la salle.
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• Que sont les plus grandes joie de la vie à côté de la plus
supportable de ses douleurs ? Et puis on viendra nous dire
que des années de torture souvent ne sont que la juste
compensation d'une seconde ou deux de sensation agréable.
O dérision !