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PROMENADE AU SALON 305 à dédaigner. Mais que M. Beysson se souvienne qu'en Ecosse, où le saumon abonde, les servantes stipulent, dit- on, qu'elles ne mangeront pas de ce poisson plus de trois fois par semaine. Lui, il nous sert sa locomotive tous les jours. • Je voudrais dire un mot des fleurs, ce genre qui a été la gloire de la peinture lyonnaise. Cette année, il y a éclipse à peu près totale. Les maîtres se sont abstenus. Ce ne sont pas les fleurs en nacre coloriée de M. Médard, les gloxinias en porcelaine de M. Bruyas, ni la chute des feuilles en plâtre moulé de M. Iung qui nous retiendront. Pauvre M. Iung ! il a commencé par faire du sous-Castex, le voilà qui nous donne du sous-Iung. Il faut soigner cela, jeune homme; vous êtes plus malade que vous ne croyez. C'est aux envois du dehors qu'il faut demander quelques compensations : les deux Biva, M. Rivoire et ce charmant bouquet de fleurs des champs (814), signé Thomas. Que dire de la sculpture pour en dire du bien ? Je sens combien cet art si noble réclame de labeur et combien la pratique en est ingrate. La sculpture est à la peinture ce que le vers est à la prose ; aussi sculpture et vers de nos jours ne sont pas en hausse. Le groupe de M. Devaux, les Orphe- lins (290), en est une preuve. Ce n'est pas une œuvre sans valeur ; mais s'il a obtenu une mention au dernier Salon de Paris, c'est qu'on est réduit aujourd'hui à encourager en sculpture les bons vouloirs et les essais honorables. M. de Gravillon a toujours pour principal souci « d'épater le bourgeois ». Il y réussit assez bien; seulement il faut être riche pour aborder ce genre de mystification, et avoir delà place pour loger tous ces retours d'expositions. Son Apo- théose (420), ira rejoindre la Beauté réveillant le Génie et autres blocs de la même farine... ou du même plâtre.