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296 PROMENADE AU SALON tableau achevé eût été un chef-d'œuvre. Conscience, patience et science, peu d'artistes ont eu ces trois qualités à un plus haut degré que Meissonnier, et nous les retrou- vons dans cette esquisse. Mais ce parti-pris de faire constamment des infiniment petits ne dénote-t-il pas une sorte de myopie, incompatible avec le vrai génie ? Non pas que je réclame pour tous les personnages les dimensions de ceux de M. G. Villard, dans Une Toilette à Pompéï (860). Je crois, au contraire, que, si le portrait en pied et la nature morte s'accommodent mal d'une réduc- tion de moitié et prennent alors, le portrait en pied, l'air d'une marionnette, les accessoires d'une nature morte, l'air de joujoux ; je crois que le tableau de genre se trouve fort bien de la mi-grandeur. L'œuvre de M. Villard dénote un grand effort, et un effort désintéressé : car il n'a pu supposer que semblable toile trouvât un acquéreur. Il s'est très passablement tiré de l'agencement d'un sujet difficile, et le dessin témoigne d'un travail sincère. Pourtant qu'il me permette de lui dire qu'à première vue j'ai pris son tableau pour un simple « carton ». J'ai cru à une étude, à la façon des maîtres, qui reproduisaient d'abord le nu de leurs personnages et les revêtaient ensuite du costume définitif. Car vous ne ferez pas croire, Monsieur Villard, que, même à Pompéï, les choses se soient jamais passées ainsi. Votre dame, du reste, est coiffée, et Il faut être ignorant comme un maître d'école pour ne pas savoir que se faire coiffer est la dernière opé- ration à laquelle procède une dame à sa toilette. Ensuite, les choses se fussent-elles passées comme vous les présentez, laissez-moi vous dire que ces restitutions