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250 UN ÉPISODE LYONNAIS Ajoutons que la victoire d'Anthon fut remportée le 11 juin 1430, c'est-à -dire dix-sept jours seulement après la surprise de Compiègne, qui est du 24 mai précédent, et où Jeanne d'Arc était restée prisonnière des soldats du parti de Bourgogne. L'annonce de la défaite du prince d'Orange vint fort à propos, sinon consoler les Français de la perte de la Pucelle, du moins les rassurer et relever un peu leur courage. Monsieur le bailli Humbert de Grôlée était le véritable héros d'Anthon, et ses « compagnons lyonnais » avaient fait, sur le champ de bataille, à côté des gentilshommes dauphinois et des routiers espagnols, belle figure et rude besogne (18). Comment dire la joie qui transporta les habitants de Lyon lorsqu'ils surent qu'ils devaient au cou- rage de leurs enfants et à l'habileté de leur sénéchal d'être enfin débarrassés d'un incommode et dangereux voisin ? Le premier mouvement, le premier acte de MM. les Con- seillers, « dès que vinrent les bonnes nouvelles d'Anthon », fut de faire porter deux torches à Notre-Dame de Saint- Nizier : hommage public de leur reconnaissance envers Dieu, qui daignait exaucer leurs prières, à qui ce n'était pas en vain qu'ils avaient « recommandé » naguères, à la messe haute des Carmes, « les affaires du pays lyon- nais (19). » On ne s'occupa qu'ensuite de faire à M. le bailli et à se s soldats improvisés l'accueil que méritaient leurs prouesses. (18) a Rodrigue Je Villandras prit parti avec le gouverneur du Dau- phiné, Raoul de Gaucourt, pour résister au prince d'Orange. Mais Humbert de Grôlée, baillif de Mâcon et sénéchal de Lyon, effaça tous les autres par l'éclat de sa vertu. » Cliorier. Hist, du Duuphinè, p. 426. (19) Péricaud. Documents pour servira l'hist. de Lyon, juin 1430.