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           DE LA FIN DE LA GUERRE DE CENT ANS                      247

   Plus de quatre cents cadavres de Bourguignons jon-
chaient la plaine, et le nombre de ceux qui avaient trouvé
la mort en cherchant à passer le Rhône, n'était pas
moindre.
   Douze cents chevaux, qui erraient sans maîtres, furent
rassemblés et vendus à l'encan le surlendemain 13 juin, à
la foire de Crémieu, en même temps qu'un lot considérable
d'armes et d'armures de toutes sortes, par les soins du
capitaine Rodriguez de Villandrando.
   Les sires de Grôlée et de Gaucourt laissèrent aussi au
Castillan une besogne, à laquelle il excellait : celle d'opérer
le triage des prisonniers, de distinguer ceux qui étaient des
seigneurs d'importance et d'exiger d'eux « grosse finance ».
Le bourguignon Guillaume de Bussy fut « mis à si exces-
sive rançon » qu'il fallut que ses amis se cotisassent en
Bourgogne et jusqu'en Angleterre pour obtenir sa libé-
ration. Le cardinal Winchester, régent d'Angleterre, donna
son obole (14). Un autre prisonnier paya bien cher la
réputation qu'il avait d'être le premier capitaine savoyard.
Je veux parler de François de la Palud, sire de Varambon.
L'argent qu'il possédait lui-même ne pouvant suffire à le
tirer des mains de Rodriguez, sa mère, la dame de la Palud,
fut obligée d'y ajouter 8,000 florins de bon or. Trop heu-
reux encore, ce seigneur, si la journée d'Anthon n'avait été
cause que de sa ruine ; mais, ayant eu « le nez abattu
d'une taillade », il en resta défiguré toute sa vie, malgré la
précaution qu'il eut depuis lors de porter un nez d'argent.


   (14) Il le fit à la prière de Madame de Bourgogne, qui était la pré-
sidente de cette œuvre de charité dans le goût du temps. V. dans
Quicherat, Villandrando aux pièces justificatives, la lettre très curieuse
de la duchesse au cardinal.