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          DE LA FIN DE LA GUERRE DE CENT ANS               243

 prendre le commandement de son armée et diriger en per-
sonne les opérations qui allaient commencer.
   Reçu en grande révérence au château d'Anthon, il y tint,
dès le lendemain de son arrivée, une cour plénière comme
dauphin de Viennois, et, à ce titre, il distribua entre ses
fidèles les offices de la province. A ceux qui n'eurent rien
il promit monts et merveilles. Il parla de la présence des
Français devant le Colombier comme du prélude d'un
triomphe certain pour ses armes. Les vaillants chevaliers
qui l'entouraient se feraient un jeu d'exterminer ce ramas
d'aventuriers et de Lyonnais qu'on osait leur opposer.
   Pendant que le prince bourguignon discourait, les Fran-
çais, estimant qu'à la guerre faire vite est la première con-
dition du succès, n'avaient pas voulu que La journée se
passât sans que le Colombier fût à eux. Et, en effet, en
quelques heures, quoique contrariés et trempés jusqu'aux
os par une pluie battante contre laquelle ils n'avaient aucun
abri, la vigueur de leur assaut les avait rendus maîtres de
cette forteresse. C'était le samedi 10 juin.
   A la suite d'une semaine merveilleusement employée, les
chefs de l'armée royale auraient volontiers accordé a leurs
troupes et pris eux-mêmes une journée de repos. Mais,
dans le conseil qu'ils tinrent entre eux la nuit venue, il leur
parut que, si le lendemain ils restaient dans l'inaction,
l'ennemi viendrait peut-être les surprendre pendant que
leurs hommes seraient répandus dans la campagne, qu'ils
feraient mieux, en conséquence, de prendre résolument
l'offensive. Au surplus, le prince d'Orange osait retenir le
héraut d'armes, dûment accompagné d'un trompette,
qu'ils lui avaient envoyé à Anthon. Ils étaient impatients
de châtier un adversaire qui se permettait une transgression
si insigne des principes les plus sacrés du droit des gens.