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206                     LES FUNÉRAILLES DE

division et, ai-je besoin de le dire, il les a remplies avec une grande
distinction.
   Quand il est rentré daus la vie privée, il a emporté les regrets et
l'amitié de tous ceux qui ont eu le bonheur de l'approcher ; la présence
de Soulary dans les rangs de l'administration a été un honneur pour
 elle.
  Au nom de M. le Préfet du Rhône, au nom de ses anciens cama-
rades, je viens apporter ici à Joséphin Soulary un dernier témoignage
de sympathie, en même temps qu'un suprême adieu.




                 DISCOURS DE M. MORIN-PONS


         MESSIEURS,



   Les lettres sont en deuil, Joséphin Soulary est mort, voilà ce que,
depuis trois jours, on se répète dans nos murs avec une douloureuse
surprise.
   Il est mort ! Mais, dira-t-on, n'était-ce pas depuis un certain temps
déjà un disparu ? Oui, si l'on ne reconnaît la vitalité qu'aux manifes-
tations extérieures de la vie sociale, qu'aux mouvements agités de ceux
qui viennent et qui vont sur la place publique. Dans cet ordre d'idées,
Soulary n'était plus.
   Cependant le flambeau n'était pas éteint, le poète vivait encore
comme il vivra pour ceux qui savent distinguer entre les popularités
d'un jour et les renommées durables, il conservait sa place dans les
mémoires fidèles qui ont applaudi aux succès de sa jeunesse et en ont
retenu les délicates inspirations. Cadre restreint, feuillets d'album, ont
dit quelques-uns. Mais, est-ce donc les dimensions qui font l'Å“uvre ?
Qu'importent la longueur et la largeur quand il y a la profondeur !
Tableaux de genre, rien ou guère plus que des sonnets, suivant les
mêmes. Hé quoi ! Sans invoquer la grande ombre de Pétrarque, n'est-
ce pas un sonnet, un seul qui fait l'immortalité d'Arvers ? Et, sous ce
voile de scepticisme railleur et de mélancolie résignée, plaignons ceux
qui n'ont pas senti la flamme.