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I46                  UN ÉPISODE LYONNAIS

naître en cas de violation de l'armistice, de « toutes querelles
et querimonies des deux parties », lesquelles étaient tenues
de s'en rapporter à son ordonnance. On le voit, le duc
était l'arbitre tout trouvé du différend existant entre la ville
et le prince d'Orange au sujet des faits de guerre qu'ils se
reprochaient mutuellement. Les notables, qui partirent
pour la Cour de Chambéry, avaient charge de saisir régu-
lièrement le duc du conflit. Ils devaient « remonstrer à
Mgr de Savoie le tort que le prince a -de vouloir faire la
guerre à ceux de la ville de Lyon à cause de ses chevaux,
afin que ledit seigneur de Savoie, comme conservateur des
trêves, le fasce de ce surseoir et lui fasce même répareiller
ce qui a été fait par lui à l'encontre de l'abstinence de la
guerre (16). »
   Toutes ces démarches étaient marquées au coin de
la sagesse et de la plus entière correction. Mais aucune
d'elles ne pouvait tirer les Lyonnais d'une difficulté qui
n'était pas de nature à être résolue par les voies pacifiques.
   Ils avaient recours à l'arbitrage du duc de Savoie... Sin-
gulier arbitre ! Car le duc était lié au prince d'Orange par
un traité secret qui l'intéressait à l'entreprise de celui-ci sur
le Dauphiné. Les réclamations des Lyonnais ne pouvaient
donc trouver ni ne trouvèrent devant lui meilleur accueil
qu'autrefois la plainte du marquis Louis de Saluées. Il fit
proposer à la ville des conditions d'arrangement dont la
lecture stupéfia Messieurs les conseillers. Mgr de Savoie ne
voulait-il pas que les Lyonnais payassent à leur agresseur,
en outre de la restitution de ses chevaux en nature ou en
argent, l'énorme somme de 10,000 écus de dommages-
intérêts. Comprenant qu'Amédée se moquait d'eux, Mes-

  (16) Registres consulaires. Séance du 31 décembre 1427.