page suivante »
84 UN ÉPISODE LYONNAIS conclusion de la paix en ce royaume, les gens du duc de Bourgogne se sont entrés dans Paris par raison que sous couleur de la paix, l'on n'y faisait pas si grand doubte ni garde que l'on avait fait par avant. En laquelle ville ils ont fait et font, chaque jour, plusieurs cruautés, pilleries, meur- tres et inhumanités, et en criant la paix, les épées nues et pleines de sang, ont meurtri et emprisonné, pillé, robe et destroussé généralement tous les bons et loyaux servi- teurs de mondit seigneur et de nous qu'ils ont pu appréhender. « Durant lesquelles choses, pour éviter plus grand incon- vénient, nous rétrahïsmes en la bastille Saint-Antoine, et, voyant leur obstination, nous venismes à Melun et, de là , en notre ville de Bourges, pensant que ladite fureur se dût aucunement modérer. » « Et depuis, lesdits rebelles et désobéissants, — non contents d'avoir fait et perpétré les maux, crimes et cruautés dessudits, — furieusement et désordonément, comme gens sans connaissance de Dieu et tout hors de la piété humaine, se sont transportés en toutes les prisons qui étaient en ladite ville, et là , ont inhumainement meurtri et détranché les connétable et chancelier de mondit seigneur, plusieurs prélats, chevaliers, escuyers et aultres gens d'église, nota- bles bourgeois et marchands, jusques au nombre de trois mille, lesquels, taillés en pièce comme bêtes, ils ont tous mis, jetés et détrainés sur les carreaux de ladite ville, sans pitié ni miséricorde, et même les femmes et enfants des dessudits ont-ils occis, noyés et mis à mort. « Et, en outre, tient à présent par force ledit de Bour- gogne Monseigneur et Madame, auxquels il peut dire et commander tout ce qu'il veut... Et doubtons qu'il voudra faire de la personne de mondit seigneur...