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8o UN ÉPISODE LYONNAIS dangers et des combats, des jours prospères, vaquant pai- siblement dans leurs comptoirs du quartier Saint-Nizier à leur fructueux négoce, ou se livrant, dans leurs opulentes métairies des environs, aux douceurs de la vie champêtre ? Il n'en est rien. La vérité est que, loin de rester étran- gère où indifférente aux épreuves de la patrie, notre région eut, à la fin de la guerre de Cent ans, sa part de tous les maux et le contre-coup de toutes les défaites sous lesquels faillit succomber la monarchie française. La vérité est que, serviteurs dévoués du « party du Roy » qui alors était très certainement aussi le parti national, les habitants de notre ville devaient nécessairement passer et passèrent, en effet, pendant cette sombre période, par les mêmes vicissitudes que la Royauté. L'inaltérable attachement des Lyonnais du xive et du e xv siècle à leurs princes malheureux est l'un des faits les plus remarquables de notre histoire locale. Les traits qui en témoignent abondent dans nos anciens annalistes. « Pendant la captivité de Jean le Bon, raconte le Père Fodéré, un homme factieux, nommé Etienne Marcel, prévôt des marchands de Paris, fit premièrement révolter tout le tiers-état de la Ville et bien peu de temps après, tous les roturiers et gens des champs contre la noblesse, laquelle ils entendaient exterminer, et en massacraient tout autant qu'ils en rencontraient, sans respect d'âge, ni de sexe, l'appelant tout publiquement vermine du monde et rats de grenier qui vivaient de la sueur du peuple sans travailler ». Or, « ce séditieux Etienne Marcel excogita d'attirer à sa faction toutes les principales villes du royaume. A ce faire, il députa un très mauvais garnement, qui était l'un des chefs de cette révolte, nommé Guillaume Caillette, lequel