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                     DES PROTESTANTS A LYON                             65

ration que d'une rue ou passaige de dix pas l'une de l'aultre,
tellement qu'estant si proches il serait impossible ou que
le son des cloches les processions qui se feront et la voix
ou chant des ungs ne donnast empeschement es aultres. »
   Enfin il ne faut pas s'étonner que les religieuses de
Saint-Pierre, par exemple, aient autant renouvelé leurs
suppliques. Elles avaient pour cela de bonnes raisons. Elles
avaient vraiment été durement traitées par les Huguenots.
A la perte de vêtements, de meubles, d'ornements d'église,
de provisions, il fallait ajouter la destruction de leurs clô-
tures (« on a rompu les murailles de leurs dicte maison et
jardins pour faire passage de la rue Sainct Esperit sur les
fossés (10). »
   On doit tenir compte aussi du ressentiment qu'avaient
causé les excès commis en 1562 (11).


    (10) On s'explique par les-mêmes raisons les revendications si pres-
 santes que les Jacobins avaient exercées en 1563 et en 1564. Ils avaient
 vu, eux aussi, des destructions et des pillages accomplis dans leur
 couvent. Leurs requêtes et les lettres des commissaires du Roi, Quelain
 et Myron, en témoignent. Ce qui est singulier, c'est ce fait que le
 père Ramette rapporte (vol. III, f° 164) : « Lesdites pierres et marbres
(des tombes de notre église) avec les superbes colonnes qui sont à la
 chapelle de Gadaigne étoient destinées par les Huguenots pour le por-
 tail de l'hôtel de ville qu'ils vouloient bâtir. »
    (11) Pour ne parler que de la cathédrale, on lit dans une requête au
 Roi de 1563 : « Lesdictz occupateurs auroient démolly et ruiné entre
 autres choses... la seincture et circuict du cueur de ladicte esglise cons-
 truict de telle sumptuosité qu'en France il n'y aura point de plus
 riche... Aussi auroient arraché et 'emporté plusieurs beaulx et grandz
 toilles tant de cuyvre que de fert servansde clousture aux chappelles...
•La démolition qu'ilz auroient faicie de plusieurs beaulx et riches
 tableaux. — Ont deffïguré et martellé le grand portail de ladicte esglise.»
 On réduisit en lingots tout l'or et l'argent qu'on trouva dans les