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                   LE CHANT DES PIERRES                 469

  plètes, en tons et demi-tons, d'un timbre sonore, argen-
  tin, très-aigu dans les hautes notes, mais graves dans les
 basses d'une gamme, dont les sons rappellent ceux de la
 grande et petite flûte, essentiellement purs et n'ayant pas
 le défaut de clapottement que présente le piano.
     Les marteaux ou percuteurs sont maniés avec les deux
 mains; ils sont également en pierre, mais de nature dif-
 férente de celle des silex. Ce sont des fragments roulés
 de schistes ou de grès. Le silex sur silex ne produirait pas
 le même résultat de sonorité ; ceux employés par M. Baudre
 ont été recueillis à Dieppe, sur le bord de la mer.
    L'artiste a exhibé, le 20 avril 1876, dans la salle du
dôme de l'hôtel de ville du Puy-en-Velay, son instru-
 ment Tudimentaire, mais essentiellement harmonieux,
 composé de deux longues barres de bois parallèles et ho-
rizontales et de ficelles verticales, supportant, en étrier,
une rangée de 28 cailloux bruts, généralement allongés,
de formes et de grosseurs diverses, composant un clavier
de 28 touches. Il a prouvé, par l'expression et l'agilité
qu'il a données à son exécution, qu'il eût pu être un
maestro de l'art musical. Un auditoire d'élite composé de
dames, de demoiselles, d'ecclésiastiques, de savants, a
applaudi avec enthousiasme la Tyrolienne de Guillaume
Tell, le Chant national de la Bretagne, ce Mani-Gowze qui
a tant de rapports avec certain chant arabe, le Premier jour
de bonheur, le Ranz des Vaches, la Bourrée d'Auvergne,
les Chants d'Avenel et d'autres ravissantes mélodies avec
de nombreuses variations.
    M. Baudre a entremêlé ses joyeux carillons du récit de
l'historique de sa découverte, de ses peines, des entraves
qu'il a éprouvées, dans ses tentatives, pour le seul amour
de l'art. Aussi qusl succès, quelle joie, lorsqu'il a conquis
sa dernière note, qu'il a pu obtenir chante-lauzes avec ses