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470 LE CHANT DES PIERRES cailloux bruts, sans distinction de formes, de grosseur, de longueur, de poids, des sons d'une pureté aussi délicate ! Une longue lettre de M. Charles* Sainte-Claire Deville, membre de l'Institut, adressée à l'artiste et lue publi- quement, a expliqué les lois de l'acoustique, qui régissent ces vibrations, par les directions verticales et longitudi- nales. Un recueil de nombreuses félicitations et de pièces de vers également adressées à l'auteur, ont vivement intéressé l'auditoire. On a particulièrement remarqué celle d'une jeune personne de Toulouse, qui a rappelé les pierres lancées par Deucalion, pour la propagation de la race humaine après le déluge ; mais un impromptu , mieux approprié au sujet, est le suivant d~We dame d'Angers : Aux accords d'Amphion les pierres se mouvaient, Et sur les murs Thébains montaient à tour de rôle ! C'était miraculeux ; mais, fait encor plus drôle, Nous avons entendu vos silex qui parlaient. Les tons harmonieux de vos gammes de pierre Ont charmé notre oreille, et chacun en partant Se disait : C'est au bruit de ce rustique chant Qu'Adam faisait danser Eve, sur la bruyère. Nous avons eu le bonheur de recueillir, à la volée, la pièce suivante due à Mgr de la Tour d'Auvergne, arche- vêque de Bourg'es : Enarrant cœli Dominum ; dant omnia vocem : Montes et sylvoe, fontes, mare, flumina, sampi. Sola, par immensos mundi orbes, saxa silebant. Te oeniente, sonum nunc voccs et ipsa dedere. « Les cieux célèbrent le Seigneur ; tout a une voix : les monts et les forêts, les fontaines, les fleuves, les champs. Partout, les pierres seules étaient muettes ! Tu viens, elles aussi font entendre leur voix. » Une question géologique a surgi de cette exhibition, pour nous, habitants du Velay. Possédons-nous, sur notre territoire, quelques-uns de ces silex chanteurs et