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                     MON AMI GABRIEL              '    "61

tristesse contagieuse.'.'. ' Pourquoi ta vie ne Vous sôûri-
rait-elle pas, à vous ? Vous méritez si bien d'être heu-
reux !
   — Qui vous fait penser, madame, dit Gabriel avec
un sourire, que j'aie acquis des droits au bonheur ?
— Vous ? reprît-elle. Je le sais. Il me semble ' que je
vous ai toujours.cohnu.
   Et, comme si elle se fût repentie de ce qu'elle venait
de dire, elle baissa, les yeux et garda le silence. Puis,
toui -à-coup, à. demi-voix et d'un ton pénétrant, elle
ajouta :
   — Ne pas se sentir seul, c'est le bonheur le plus
nécessaire, si ce n'est le plus grand de t o u s . . .
   A ce moment, on frappa à la porte : c'était Mm0
Delprat. Gabriel sortit et regagna lentement son domi-
cile. Chemin faisant, ses pensées prirent une teinte mé-
lancolique plus accentuée qu'à l'ordinaire. Il aurait été
bien surpris si quelqu'un lui avait dit qu'il aimait
Nelly... Est-il vrai queMme Delprat eût absolument
tort de le craindre ? . . .
                            VI
   La vie active que mon ami s'était imposée èôntribuàit
à le tromper sur la nature de ses s'enliimënté* à l'égard
de Mmede Sérona.
   Il avait trouvé " à l'hôtel des bains quelques ' jeunes
hommes, pleins d'entrain et de bonne humeur, qui
l'accompagnaient, dans ses èxcuVsions quotidiennes.
Mais il était malgré lui dans une disposition morale qui
paralysait toute espèce de plaisir : son esprit restait
attaché à i'iniage souffreteuse de la pâuvre'Nélly.
   Le lendemain de sa dernière visité, il se souvint que
son amie avait prononcé cette parole en le quittant : o Ne