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LA CROIX DU MONT-THOU 37
Roche SÃ int-Fortunat. On atteint alors les bois que nous
avons déjà signalés, et quand on a traversé la boursière
qui mène au hameau de Mont Thou et à Saint-Romain de
Couzon, on prend, à gauche, une espèce de voie à peine
tracée qui longe de petits refuges en pierres plates et
conduit à la sente dont les abruptes lacets nous aident Ã
gravir le crest.
Enfin nous voici au pied delà eroixetdelà , tout au-
tour de nous, nous apercevons d'immenses et splendides
horizons. Une chose rend encore plus grande la beauté
du merveilleux panorama que l'on dévore du regard, c'est
qu'il est pour ainsi dire toujours nouveau, parce qu'il est
toujours changeant. Il varie suivant les heures du jour
et les saisons de l'année, suivant les variations de l'at-
mosphère et la direction des vents. Les vents, en effet,
en déplaçant les vapeurs, découvrent ou cachent une par-
tie du paysage, le resserrent ou l'agrandissent d'une
façon souvent inattendue, et en changent également
l'aspect eh y faisant glisser l'ombre dés grands nuages
et en y promenant ensuite la lumière qui fait saillir les
reliefs du terrain, briller les eaux et ressortir nettement
la plus petite maison du plus humble des! hameaux.
Malheureusement, une bise implacable balaye presque
toujours la sommité où nous sommes et ce n'est que par
untemps exceptionnellement calme que l'on peut jouir
pleinement des magnificences que l'on a sous les yeux.
Alors, excepté du côté de l'ouest, on embrasse d'un seul
coup d'oeil toutes les pentes de la montagne, on en ! des-
cend tous les étages, on en suit tous les ressauts et
tous1 les contours et on pénètre jusqu'au fond des vallées
et des ravins que les eaux ont creusés sur ses flancs. C'est
ainsi que la vue, après s'être arrêtée sur le ravin de
Saint-Komain qui sépare le Mont Thou du Cindre arrive