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CLAUDE MERMET 447 nulle ne le toucha plus vivement que Montaigne, qui, le 6 novembre 1581, à son retour'd'Italie, s'arrêta pour l'entretenir. L'illustre maire de Bordeaux avait donné, l'année précédente, la première édition de ses Essais, dont la vogue et le succès furent bientôt européens. Son scepti- cisme apparent n'est point de la misanthropie ; nul mieux que lui ne connaissait les devoirs et les douceurs de l'amitié, nul n'admirait plus ce qui était dign;; de louan- ges et à ce point de vue, l'auteur du Temps passé devait se trouver sur les tablettes de l'ami de la Boétie. Ce voyage, cette visite, la conversation avec un des plus grands hommes de la France restèrent, comme un événement, profondément gravés dans le^œuret le sou- venir de notre caustique écrivain. Mermet vécut ainsi dans la retraite, honoré de ses concitoyens, recherché des savants, aimé de son souve- rain, mais tranquille dans son cher petit Saint-Rambert, qu'il quittait de moins en moins. Satisfait de sa renom- mée, il ne cherchait pas à l'augmenter, et comme un sage, il se contentait de son lot de gloire, de bien-être et de bonheur. Cependant, sans qu'il le cherchât, un honneur vint le visiter. Dans'les dernières années de sa vie, il fut nom- mé châtelain de Saint-Rambert et il occupa cette place à la satisfaction de ses concitoyens jusqu'à sa mort, dont on ne connaît pas la date certaine, mais qui arriva probablement vers 1603. La Bresse et le Bugey venaient d'être cédés à la France. Ce changement si important, si capital dans le sort de sa province, affligea-t-il l'illustre Savoisien? Ses relations avec ses amis lyonnais purent-elles le consoler de voir rompre les liens qui l'attachaient à la cour de Savoie? Il