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lesles femmes viennent prendre l'air et le frais. Elles y
passent même la nuit, et comme ces cages ont un ou
deux étages, le beau sexe ressemble assez à de la volaille
dormant sur ses perchoirs.
   Chaque village possède une fontaine ; de là la quantité
de ruisseaux qui s'entrecroisent dans le fond de ces val-
lées étroites formées par cette multitude de petits pics
qui sont couverts de vignes, de vergers, de champs de
sorgo, de maïs ou de blé. Rien de pittoresque et de frais
comme ce pays vert et découpé, gracieusement limité
à l'est par de hautes montagnes dont les pics rocheux
conservent encore la neige au mois de juin.
   Les habitants sont, dit-on, d'anciens chrétiens qui,
plus tard, ont mêlé les préceptes commodes du Coran à
ceux de l'Evangile et en sont arrivés à une espèce de
religion sans culte, car il n'y a pas une mosquée en Ka-
bilie. Aussi éloignés de l'islamisme que peu rapprochés
du christianisme, quelques marabouts vivent des prati-
ques établies à l'occasion des naissances, des mariages
et des décès. C'est toujours l'histoire du casuel dans
toutes les religions possibles.
  Les'hommes sont rasés, sauf une touffe de cheveux,
comme les enfants du prophète ; mais cette mode est
plutôt un usage qu'une affirmation de croyance. Généra-
lement nus jusqu'à la ceinture, rarement ils se couvrent
de bournons; leur peau dorée par le soleil les fait ressem-
bler à des statues de bronze florentin,
  Les femmes y sont belles et bien proportionnées,
mais elles sont défigurées par les tatouages dont elles se
couvrent le visage, qu'elles pratiquent avec une espèce
de peinture noire et épaisse, ayant beaucoup de rapport
avec notre cirage. Elles ont une démarche fière et qui ne
manque pas d'une certaine majesté ; elles ont le visage