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370 mis lesles femmes viennent prendre l'air et le frais. Elles y passent même la nuit, et comme ces cages ont un ou deux étages, le beau sexe ressemble assez à de la volaille dormant sur ses perchoirs. Chaque village possède une fontaine ; de là la quantité de ruisseaux qui s'entrecroisent dans le fond de ces val- lées étroites formées par cette multitude de petits pics qui sont couverts de vignes, de vergers, de champs de sorgo, de maïs ou de blé. Rien de pittoresque et de frais comme ce pays vert et découpé, gracieusement limité à l'est par de hautes montagnes dont les pics rocheux conservent encore la neige au mois de juin. Les habitants sont, dit-on, d'anciens chrétiens qui, plus tard, ont mêlé les préceptes commodes du Coran à ceux de l'Evangile et en sont arrivés à une espèce de religion sans culte, car il n'y a pas une mosquée en Ka- bilie. Aussi éloignés de l'islamisme que peu rapprochés du christianisme, quelques marabouts vivent des prati- ques établies à l'occasion des naissances, des mariages et des décès. C'est toujours l'histoire du casuel dans toutes les religions possibles. Les'hommes sont rasés, sauf une touffe de cheveux, comme les enfants du prophète ; mais cette mode est plutôt un usage qu'une affirmation de croyance. Généra- lement nus jusqu'à la ceinture, rarement ils se couvrent de bournons; leur peau dorée par le soleil les fait ressem- bler à des statues de bronze florentin, Les femmes y sont belles et bien proportionnées, mais elles sont défigurées par les tatouages dont elles se couvrent le visage, qu'elles pratiquent avec une espèce de peinture noire et épaisse, ayant beaucoup de rapport avec notre cirage. Elles ont une démarche fière et qui ne manque pas d'une certaine majesté ; elles ont le visage