Revue du Lyonnais » série 4 - n°4 ( 1877 ) » pp.235

                DE L'ALLAITEMENT MERCENAIRE               2235
 nos institutions sociales que l'auteur attaque l'allaitement
 mercenaire, mais c'est en sa qualité de médecin et de
 praticien expérimenté qu'il fait connaître les dangers
 encourus au point de vue sanitaire, pour ainsi dire, et
 les troubles physiques, et les altérations constitution-
 nelles qui peuvent être la suite de cette infraction au
 vœu de la nature. — Ici, surtout, se montre le talent à
 la fois souple et profond de l'écrivain, et le lecteur sera
 surpris comme nous l'avons été nous-même de pouvoir
 saisir toute sa pensée au milieu des considérations scien-
 tifiques qu'il expose et développe d'une façon si lucide,
 à l'appui de sa thèse. — Il nous fait voir clairement que
 c'est en remontant aux transgressions des lois physiques
 et morales qu'on découvre la cause des maladies consti-
tutionnelleé, fait ressortir l'influence de l'état psychologi-
 que sur la vitalité organique et le rapport qui existe en-
tre le caractère des maladies et celui des diverses affec-
tions de l'âme; insiste surtout sur cette vérité, que l'a-
mour maternel est la puissance destinée à vivifier l'acti-
vité fonctionnelle de l'enfant ; que quelle que soit la dis-
position diathésique de la mère ou i'étrangeté de ses
croyances, l'aliment qu'elle donne à son enfant comme
nourrice se purifie au feu de son amour.
    En outre, pour expliquer l'innocuité des affections
diathésiques de la mère sur l'enfant pendant l'allaite-
ment, l'auteur s'appuie sur des considération physiolo-
giques qu'il faut lire dans l'ouvrage même pour en bien
comprendre toute la portée. Nous n'en voulons retenir
et signaler que l'importance extrême et la puissante in-
fluence exercée par le principe vital ou animateur, qui
modifie, atténue ou annihile les causes délétères, toutes
les fois qu'on ne cherche pas à enfreindre les lois natu-
turelles.
    Pour nous qui croyons à autre chose qu'aux proprié-
tés exclusives de la matière, cette manière de voir nous
paraît bien légitime. Mais ce n'est pas celle de tous les
physiologistes modernes, et chacun sait quels efforts
ont été tentés depuis quelques années pour attribuer
aux molécules des corps la faculté de produire des ma-
nifestations phénoménales, qu'on avait accordée jusqu'à
ce jour à l'intervention d'un principe particulier, agent
actif qui prend des noms différents suivant qu'il s'agit
de la matière brute ou organisée. Dans cette dernière.