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228 GRIMOD DE LA REYN1ÈRE de Villiers-sur-Orge. Sa mort passe inaperçue, un monde nouveau a fait oublier l'ancien, on pense à toutes autres choses qu'aux raffinements de la déclamation théâtrale, qu'à la correction du langage et qu'aux formules de poli- tesse épistolaire. Et s'il revenait, que dirait-il de cette décadence de la comédie française, offrant, au lieu d'étu- des de caractères, des romans invraisemblables, des théo- ries saugrenues sur l'état social, le tout démodé et affadi en moins de six mois, et des acteurs incapables de pren- dre une prise de tabac et de secouer leur jabot avec dis- tinction. Pourtant, il nous semble retrouver à Villiers une autre réminiscence des bords du Rhône. Il s'agit des folies apocryphes débitées sur les Mystères du castel et des mystifications réservées â ceux qui s'y aventuraient. M. Desnoiresterres révoque en doute ces fabuleux récits, et il a raison ; ne seraient-ils pas une contrefaçon des facé- ties très-réelles et du même acabit, créées par notre compatriote M. de Combles, dans sa campagne d'Anthon? Il les a décrites tout au long dans un poème badin, l'Art de mystifier dans les jardins. Ce poème rarissime aujour- d'hui, devait alors être assez répandu. Grimod en aura causé ; comme il était lui-même fort original, on lui aura fait endosser les gestes d'un original de sa force ; cela tourne à la légende. Mais, pour Anthoiret ses surprimes, les traces en subsistaient encore, il y a peu d'années. Je m'arrête, le livre est considérable, il n'est pas l'exposé d'un système que l'on puisse analyser et con- denser dans un article. C'est une collection de traits et de récits, il faut les lire et non les déchiqueter. Et c'est bien autre chose avec Voltaire ; huit volumes, tout un siècle passé en revue avec ses événements et ses mœurs.