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                   GRIMOD DE LA REYN1ÈKE                 229

     Cherchons encore Lyon — 1754. J'ai beau chercher,
 je ne trouve que la mention écourtée de son arrivée aveo
  Mme Denis, et de sa visite à l'archevêque, qui le reçut
  assez mal. Mgr de Tencin agissait ainsi par crainte du
 mécontentement de la cour. Au fond, si l'on en croit les
 mémoires du temps, ce n'était pas un prélat assez rigide
 pour s'offusquer d'une visite de ce genre et pour se mettre
 à dos tous les gens du monde, alors engoués de Voltaire.
    Gluck et Piccini, troisième ouvrage, nous montrant
 le xvin e siècle sous un autre aspect, peut être plus sédui-
 sant. Gourmandise, irréligion, bien des gens trouveront
 inutiles les souvenirs d'un dévergondage aboutissant à
 une catastrophe. Quant à la musique, n'est-elle pas inno-
 cente et hors de cause? Et quel siècle a été plus riche
 en musiciens d'élite ? ils semblent avoir épuisé toutes les
ressources de l'art ; quelques compositeurs du siècle pré-
 sent sont parvenus à une grande hauteur ; ils ne les ont
pas dépassés et sont en petit nombre : Beethoven, Weber,
 Rossini et Mendelsohn, et encore, ils n'ont fait que con-
denser d'anciens éléments, que modifier et agrandir cer-
taines formes, que renforcer les couleurs sans parler un
langage nouveau et plus expressif. Gluck est le prédé-
cesseur de Mejerbeer, il est plus neuf, plus original,
plus inventeur, mais, ne disposant pas de moyens
d'exécution aussi étendus, il ne peut atteindre à
d'aussi formidables effets. Piccini et Paësiello ont plus
de sentiment que Rossini sans avoir sa verve et son coloris
brillant. Sacchini est plus solennel que Spontini, plus im-
prégné delà majesté antique. Wagner procède beaucoup
de Gluck quand Gluck n'italianise pas, je parle de Wagner
théoricien. Pour entendre'et jug-er ses opéras il faudrait
aller à Vienne ou à Bayrouth; ils sont inédits en France
et le seront longtemps encore.