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GRIJ10D DE LA REYKIËIUà 22 o nette qu'une épreuve photographique obtenue par les mille détails de sa vie, et les innombrables facettes de ses écrits ; elle donne la clef de cette marche fatale de la société française se précipitant avec une sorte de vertige vers les catastrophes de la Révolution. Grimod de la Reynière, dans une plus étroite sphère, joue aussi son rôle dans ce drame compliqué, comme Rétif, comme Mercier, comme tous les écrivains , les artistes , les gens de plaisir, et les soi-disant philosophes ; tous sont des résultats, et non les causes d'une maladie fort grave, et les causes sont bien au-delà de leurs vues et de leurs prévisions. En résumé, il n'y a rien de nouveau sous le soleil, et le cœur humain ne change pas ; ses manifestations, qui se modifient en apparence, ne sont pas nouvelles, et certains détails oubliés font croire à une nouveauté, lorsqu'il n'y a qu'une vieillerie. On flétrit, et avec raison, les vices de notre époque. Ces vices, comme les ridicules, on les retrouve il y a cent ans. Alors, il est vrai, ils étaient concentrés dans les villes populeuses, surtout à Paris, et dans certaines classes à même de les satisfaire par leur position , ce qui explique leur expression plus cynique. Aujourd'hui tout se nivelle ; le langage et les habitudes affectent plus de réserve , mais, comme dans les arts et les sciences, le vice, en s'étendant d'une façon plus égale, a perdu son tour original et son esprit ; il devient fade ou monstrueux, bête comme le langage, bête comme les amusements qui n'amusent pas. Pacotille ! triomphe de la pacotille sur toute la ligne. La pacotille a tué le mauvais et le sublime et installé la médiocrité. Les types s'effacent, les originaux disparaissent , et si , par exception, la société soulève ce linceul d'ennui, c'est pour tombtr en démonstrueux excès, inconnus aux siècles forts, c'est la crise finale; le corps épuisé ne sent plus les