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MON AMI GABRIEL 145 — Tu es un brave enfant, lui dit-il. Eh bien ! puisque tu en as le courage, repars, Gabriel! mon enfant... cela vaut mieux. Fais ton devoir... moi, je serai seul deux mois plus t ô t . . . Voilà tout! J'y suis bien ha- bitué. . . » Et de grosses larmes tombaient sur sa moustache blanche. DEUXIÈME PARTI E IX Depuis ce jour, il était passé de l'eau sous le pont. Gabriel s'était marié ; l'oncle Philibert était mort ; et nous étions invités, chez mon ami Reynaud, pour une autre fête de famille, la naissance de son premier enfant. C'étaient les mêmes visages d'amis, la même belle- mère allant et venant du même air affairé, la même jeune femme belle comme au jour du mariage, souriant comme alors, mais d'un autre sourire, encore un peu pâle et reposant sur une chaise longue. Gabriel avait un air singulier avec ce fagot de batiste et de dentelles qu'il portait sur les bras; il triomphait de bonne foi et faisait admirer à ceux qui y étaient disposés comme à ceux qui ne l'étaient pas le petit coussin qui s'agitait avec mille contorsions et qui faisait entendre de temps en temps de petits cris plaintifs. — Ah! il est adorable l'ami Reynaud, avec son mar- mot sur les bras ! dit un ancien camarade célibataire, eh s'approchant du papa. — Laissez-moi voir; le bébé a déjà des cheveux! 10