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134          UN LYONNAIS A L'iLE DE LÉREINS

encore en nous léchant de son écume, lorsque nous vî-
mes passer une barque de pêcheurs montée par plusieurs
marins.
   Mus tous deux par la même pensée, nous les hélâmes et
nous nous fîmes mener à l'îlot Saint-Féréol, que nous
étions charmés de voir de près.
   Arrivés sur ce rocher basaltique, véritable soulève-
ment volcanique dont les abords sont assez peu accessi-
bles, nous constatâmes que ce récif composé de laves,
de granit, de porphyre et de gneiss, ressemblait à an
tissu pétri d'aspérités aussi aiguës que des aiguilles,
aussi tranchantes que des rasoirs, aussi dures que l'acier
mêlé à un compost cristallisé d'épines, d'aiguillons,
de pointes et de toutes les férocités imaginables sur les-
quelles un malheureux naufragé, qui viendrait attérir,
serait écorché vif du moment où il toucherait cette ro-
che maudite.
   Nous parcourions l'îlot suivis du patron de la barque
qui nous faisait les honneurs de son salon d'été, comme
il l'appelait. Arrivés au centre de l'ile, il nous montra
la tombe desaint Féréol. Etait-ce saint Féréol, premier
évêque de Besançon, martyrisé en 211, ou plus proba-
blement saint Féréol, évêque de Limoges, qui vivait à la
fin du vie siècle? peu importait; les deux saints no^s pa-
raissaient éga'ement respectables. Le marin ajouta en
voyant notre hésitation à le croire: J'en suis bien certain,
puisque c'est moi-même qui ai déterré le saint, il y aune
vingtaine d'années. Ah, messieurs, nous disait-il, il avait
les os bien minces, ce saint, mais du reste, assez
bien conservés.
   Saisis d'un religieux respect pour cette terre bénie et
sanctifiée par de si illustres pontifes, nous ne pûmes que
nous incliner pour exprimer notre vénération. Nous lui