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NOTICE SUR E.-L.-M. PATRIN. 381 des hermines, des petits-gris, des loutres si belles et si estimées qu'une seule peau se vend jusqu'à 300 roubles. La loutre marine, que les Russes ont nommée impropre- ment castor du Kamtchatka, sert à la confection d'un ornement que l'usage a rendu aussi indispensable à l'ha- billement' des mandarins que les plumes d'autruche le sont au chapeau du gentilhomme. Ce commerce se fait à Kiaghta. Il est si considérable que son produit à la douane Eusse va, annuellement, jusqu à trois millions de roubles (1). « Par contre, le "plus essentiel des arts, l'agriculture, est nulle en ces pays. Le sol, en général, est de mauvaise qualité : là sablonneux, ici couvert de marécages, presque partout pénétré de ce sel ressemblant au sulfate de soude dont les efflorescenses, en été, sont telles que la terre en détient parfois blanche comme neige, et offre, au milieu de la canicule, l'aspect de l'hiver. Ce n'est qu'au voisinage des rivières que le sol, moins ingrat, se prête à la culture des grains et que l'on récolte. « Les femmes aiment les couleurs éclatantes. Leurs vêtements sont de soie ou de coton, jamais de laine ni de toile ; quoique la laine, le chanvre, le lin, y soient communs, la soie et le coton rares. Si l'on s'étonne du luxe que les femmes russes étalent, même dans les basses classes, la surprise cesse à l'examen. Naissant avec de la beauté et une carnation superbe, elles ont un parler, un son de voix, des manières à tel point douces, séduisantes, voluptueuses, qu'il serait difficile d'y rester indifférent. Aussi profitent- elles de ces avantages, et à peine sorties de l'enfance payent-elles de leurs charmes la satisfaction de leur vanité. Quant au Russe, la nature l'a doué d'un tempérament (1) Le rouble équivaut à 4 francs soixante-centimes de notre monnaie.