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                      POÉSIE


      LES P Ê C H E U R S DE M E N T O N
                        A mes Amis.

            SOSPELLO, VALETTA, MARINI.
                         VALETTA.
  Tu veux dans les déserts chercher une patrie?
       .,               SOSPELLO.
  Je veux pleurer mon fils. Adieu, terre chérie.
                        VALETTA.
Le désespoir, l'exil, ne te le rendront pas.
Tu souffres, je te plains : mais chacun ici-bas,
Oui, chacun, quel que soit le trouble qui l'agite,
Du regard et du cœur cherche d'abord son gîte,
Comme un lièvre blessé rentre au sien pour mourir.
                          MARINI.
Doux foyer, ton nom seul nous arrache un soupir !
                        VALETTA.
Le pauvre montagnard, sur ces roches déclives,
A son toit, son pressoir pour broyer ses olives;
Le marin près du port a son nid; l'étranger
Dispute la terrasse au frileux oranger.
                          MARINI.
Vois cette mer tranquille et ses eaux transparentes :
Le soleil la rougit de ses clartés mourantes ;
Mais demain, mais toujours, son miroir spacieux
Réfléchira plus beau le sourire des cieux.
Demain, comme aujourd'hui, les caroubiers sauvages,
Les myrtes et les pins orneront ses rivages ;
Demain, le citronnier, plus tôt et mieux qu'ailleurs,
Y donnera ses fruits, tout en montrant ses-fleurs.