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                           BIBLIOGRAPHIE.                        403
      J'éloignerai de lui le découragement.
      Lorsque je le verrai courber sa noble tête,
      Je mettrai mes baisers sur son front de poète.
                                »
  Puisque nous voilà dans le pays des rêves, restons-y le plus
longtemps possible et citons encore le rêve du Berger du
Boyans.-
              Je ne sais rien que chérir ma montagne,
      J'ai vingt ans et je rêve une douce compagne
            Pour aimer mon pays à deux,
      Ce sera le trésor de mon humble chaumière^
      Je verrai le beau ciel inondé de lumière
             Se refléter dans ses beaux yeux.

   En lisant cette gracieuse idylle et en étudiant en général tou-
tes les pièces de ce genre qui se trouvent soit dans les Boses du
Dauphiné, soit dans les Branches de Lilas, nous avons remarqué
chez notre auteur ce profond sentiment de la nature qui dénote
le véritable poète. Dès qu'il voit le soleil resplendir, dès qu'il
entend chanter le rossignol, dès qu'il découvre un vaste horison
ou un beau paysage, il entre aussitôt en communication avec
toutes les merveilles qui l'entourent et dans les élans de son ly-
risme, il s'élève jusqu'aux infînimenis grands, sans dédaigner
pour cela les infinimeiits petits, dont il comprend et traduit le
langage. Ce sens si délicat, si rare, nous paraît sans contredit la
qualité première du poète lyrique. Nous citons pour appuyer
notre opinion, — et en même temps pour terminer cette
étude, — les paroles suivantes qu'un orateur distingué consa-
crait récemment au poète lyrique par excellence. «, Pour lui, di-
« sait-il, la montagne, la source, l'arbre, la prairie, le nuage ont
« des paroles qu'il entend, des soupirs qu'il recueille, des plain-
« tes auxquelles.il s'unit, des prières qu'il répète, dès élévations
« dont il s'inspire, et volontiers comme l'adorable François d'As-
v sise, il dirait au soleil.- « Mon frère ! » et aux hirondelles :
« Mes sœurs ! »
                                            Zenon       FIÈRE.