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                         BIBLIOGRAPHIE.                        319

de l'accueil si sympathique fait par toute la presse parisienne au
délicieux roman de Rousou, et au Journal d'une mère pendant
le siège de Paris. Aujourd'hui Mme Marie Sebran v;ent de publier
un nouveau livre qui ne le cède en rien aux deux précédents. La
Fleur du Thym est pour, ainsi dire, le type du roman populaire
rêvé par Lamartine. On nous permettra, à ce propos, de rappeler
les paroles mêmes du grand poète. Ce sera un excellent moyen
pour apprécier La Fleur de Thym. On jugera l'œuvre selon son
degré de conformité avec la théorie du maître.
   « Le peuple, dit Lamartine, ne s'intéresse guère à ces beaux
romans où l'on voit des messieurs et des dames qui s'aiment,
qui se brouillent, qui se trompent, et qui finissent, après quatre
volumes de malentendus et d'aventures, par se marier et par
vivre riches et heureux dans quelque magnifique hôtel à Paris
ou à Londres.
   « 6e qui lui faut, ce sont des histoires vraies et pourtant
intéressantes prises dans les foyers, dans les mœurs, dans les
professions, dans les habitudes, dans les misères, dans les
bonheurs et presque dans la langue du peuple lui-même-, espèce
de miroir de sa propre existence où il se verrait lui-même dans
toute sa naïveté et dans toute sa candeur, mais qui, au lieu de
refléchir ses grossièretés et ses vices, refléchirait de préférence
ses bons sentiments, ses travaux, ses dévouements et ses
vertus. »
   Tel est l'idéal que Lamartine avait en vue en écrivant la tou-
chante histoire de Geneviève, tel est le programme que Madame
Marie Sebran a voulu réaliser dans son œuvre. Que trouvons-
nous en effet dans Rousou et dans La Fleur de Thyml... Des
 aventures bizarres et compliquées ? — loin de là ; des scènes
 de boudoir et d'alcôve?... — encore moins; des crimes, des
 assassinats? — non non! rien de tout ce fatras cynique et
 malsain. La plume chaste et habile de l'auteur n'a pas eu be-
 soin, pour trouver le succès, de recourir à ces honteux et vul-
 gaires procédés qui, soit dit à notre déshonneur, font la vogue
 de nos romanciers contemporains. Elle s'est bornée à retracer
 une histoire simple et vraie, en faisant jaillir les situations non