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380             NOTICE SUR E.-L.-M. PATRIN.

ges barbares. Rien de plus intéressant que la lecture de
ces notes, sorties d'un jet de son cerveau, dans la rapidité
d'un style sans apprêt. Nous avons eu la bonne fortune
d'exhumer ce manuscrit, et nous croyons ne pouvoir mieux
rendre la physionomie morale de cet homme, qu'en ex-"
trayant quelques passages, parmi lesquels plusieurs ratu-
rés n'ont été ni entendus ni reproduits. Ils montreront
mieux que tout commentaire les sentiments de ce cœur, et
les phases de cette intrépide expédition.
   « Les habitants des tristes contrées que les écrivains
ont nommées le centre de la terre, et où les frimas régnent
sept à huit mois, ne sont pas nombreux. Dans un rayon
de 1,500 lieues de long sur 600 de large, à peine compte-
t-on un million d'âmes. Leur population est composée de
.Russes et de Tartares.
   « Chez les Russes, je remarquai une frappante unifor-
 mité. Au fond de la Sibérie, on croirait être aux portes de
Moscou ; mêmes mœurs, même langage, même nourriture,
mêmes habitudes ; des maisons construites et distribuées
sur le même plan, identiques comme des nids d'hirondelles.
 Quelle peut être la cause de ce phénomène ? La forme du
 Gouvernement, où la crainte est la loi, l'obéissance
 servile le mérite suprême. Admirable mécanique ! Les
 sujets sont enchaînés par un fil caché dans la main du
 souverain. Le premier qui reçoit l'impulsion la commu-
 nique à son inférieur, celui-ci à un autre ; et chacun se
 règle .avec un respect passif sur celui qui le domine, de
 sorte que tout e,st mesuré, compté, copié, calqué.
    « Leur négoce avec la Chine est considérable. Les
 marchandises que celle-ci apporte à nos voisins sont bien
 supérieures à celles qui nous arrivent par mer, surtout le
 thé, les étoffes, la porcelaine, la rhubarbe. Elle échange
 ces produits pour des cuirs, des pelleteries, des zibelines,