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                  NOTICE SUR E.-L.-M. PATRIN.                379

  dix minutes pour aller et soixante cinq pour revenir ; et
  beaucoup de gens font le chemin bien plus vite. Les che-
  vaux tartares, dont on se sert ici, ne sont pas beaux, mais
  ils vont d'une vitesse incroyable et presque infatigable sans
• galoper. Quelques uns font 150 verstes d'un trait. On ne
  saurait voir un train plus leste et plus hardi. Ces coureurs
  sont très-recherchés, et coûtent jusqu'à 2,000 roubles.
  Tout le monde ici a voiture, à cause de la grande quantité
  de boue, et il n'y a absolument que les académiciens qui
  aillent à pied. Les pauvres sciences ont toujours été et se-
 ront vraisemblablement toujours dans la crotte. Mais le
 plaisir de se moquer des ignorants console, et tient lieu de
 carosse ! etc., etc., etc       »
     Après un an de séjour en Russie, pour y apprendre la
 langue et obtenir les renseignements nécessaires à son
 entreprise, Patrin fut associé à l'Académie des sciences de
 la capitale, à laquelle il s'engagea d'offrir des échantillons
 de toutes les substances minérales qu'il découvrirait. Le
 gouvernement mit à sa disposition une escorte comman-
 dée par un sous-officier, et il entra en Sibérie sous la pro-
 tection du général Millier qui devait devenir un de ses
 amis.
     C'est de cette époque que date véritablement son exis-
 tence. Pendant huit années consécutives, il parcourut les
immenses plaines de l'Asie boréale, depuis les monts Oural
jusqu'au fleuve Amour, au-delà du méridien de Pékin,
 brava des dangers de mille espèces, supporta des fatigues
inouïes, s'exposa aux froids les plus rigoureux, lutta contre
les privations et les maladies, dans l'espoir que tant de
sacrifices tourneraient au- progrès de la science et à la
gloire de sa patrie.
    Il faut l'entendre, dans son discours à l'Institut, lorsqu'il
décrit ces districts lointains, ces coutumes naïves, ces usa-