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NOTICE SUU E.-L.-M. PATRIN. 315 plusieurs semaines de l'année y sont consacrées tout entiè- res, notamment la semaine qui précède le grand carême. On la nomme Maflinissa, c'est-à -dire le temps du beurre, parce qu'on s'y abstient déjà de viande. Pendant ce temps on est encore plus folâtre que chez nous, et l'on se divertit mieux. La ville devient bruyante : on entend les grelots des équipages dont les traîneaux glissent sur la neige épaisse et tassée ; une enveloppe glacée embrasse l'air, le ciel est bleu et l'horizon pur. A Saint-Pétersbourg, les nobles vont à la cour, au théâtre français, donnent des soirées où le vin coule à flots, où l'on prodigue les mets les plus délicats. Ces repas pantagruéliques, précédés de frian- dises et de liqueurs, commencent à deux heures après mi- nuit, pour finir à sept heures du matin. Dès que les glaces ont fondu et que l'été approche, la société se disperse de tous côtés; les paresseux sont dans leurs terres, les touristes en Suisse, les artistes en Italie, les flâneurs en France. « Les divertissements populaires sont en petit ce que ceux-ci sont en grand. Le peuple s'entasse dans les lieux où l'on débite du thé et où se fait une effroyable consom- mation d'eau-de vie. Les amusements sur la glace m'ont surtout intéressé. Outre les courses de traîneaux qui du- rent tout l'hiver, on construit alors sur la rivière des élé- vations en charpente d'une quarantaine de pieds de haut, et qui s'étendent en pente douce à une centaine de pieds". Toute cette pente est couverte de quartiers de glace sciés comme des pierres détaille, en tables de quatre doigts d'épaisseur et si bien assemblées que tout cela ne forme qu'une grande surface unie comme un miroir. Cela s'ap- pelle les montagnes de g'iace : on grimpe là haut par un escalier commode, on arrive à un grand pavillon à la chi- noise, en treillage et joliment orné de branches de pin en g-uirlande. Dans ce pavillon sont des musiciens et des gens