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INSCRIPTIONS GRÉCO-LATrSES 273 Aucune dénomination nouvelle ne nous est révélée ; le seul Severianus brise la rcpétilion des formes, que la première inscription a fait connaître. Les appendices latéraux, où se lisent les formules dédicatoires, présentent néanmoins un qualificatif nouveau: NIKASI par sigma lunaire. Ce NIKASI, vocatif fémi- nin de même formation que BENATI, vient du dorien inusité vixao-rj;, adjectif verbal identique à vi^o-aç, participe actif à l'ao- riste premier, de v«tâv, vaincre, triompher, et se retrouve en Wtxourix « qui résisîe aux flots ; » littéral., « victorieuse [des flots,] » l'une des îles Sporades (1), en miy.a.iinà \it « de Nica- sie-dame, citoyenne , » nom féminin dynastique (2), en Nicosie « invincible, imprenable » ou « vill« de la Victoire, » capitale de l'île de Chypre au moyen âge, recevant un affaiblissement de l'a en 0 : gr. sixain = dôr. eî/.an, e t c . La signification de NIKA2I se trouvant équivaloir à « ayant vaincu, victorieuse, » traduit naturellement le nom de Victo- rine. Ce dernier n'était donc qu'une translation latine du voca- ble grec reçu par cette fille ou petite-fille de Tertinia Amabilis dans une famille originaire de Nicomédie, l'une des métropoles de l'Asie grecque (3). Toutefois, dans les formules de chaque anse des tessères, il y a plus qu'une simple traduction ; il y a aussi, je le suppose, un jeu de mots symbolique cachant une pensée d'immortalité bienheureuse, de salut éternel, une allusion, en un mot, au triomphe obtenu sur la mort par l'âme chrétienne. Sur les mo- numents funéraires des premiers siècles chrétiens, cette allu- sion est souvent symbolisée par une palme, emblème de la victoire (4),-' chez les anciens, la déesse Salus, qui présidait au triomphe de la vie sur la mort, c'est-à -dire au recouvrement (1) Pline, Hist. mund., lib. IV, ch. 2 3 . (2) Pausanias, lib IX, ch. 7. (3) V. le paragraphe 1. (4) Champoliion-Figeac, Résum. compl. d'archéol., II, 202. —- B»li»- sicr, Êlêm, d'archéol., 1 " edit., 318.