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                           CHAKABARA.                        0)5'

  chaumes, pivotent, roulent, plongent, émergent el replon-
  gent au caprice de la vogue ; trois arbres seulement restent
  réunis, et sur l'étroite surface que l'eau ne recouvre pas, une
  femme à genoux se cramponne, pressant un enfant contre
 son sein.
    Gauthier crie par habitude : Vive l'Empereur ! et pousse
 son cheval dans le fleuve
    Wagram est un robuste nageur. Encore quelques efforts,
 et Gauthier pourra opérer «m double sauvetage ; mais les liens
 qui assemblent le fragment de radeau éclatent, et la femme
 sent sombrer sous elle son dernier appui. Alors la malheu-
 reuse se dresse de toute sa hauteur, élève de ses deux bras
 raidis l'enfant au-dessus de sa tête, et s'élance en avant. Le
 capitaine déchire les flancs de son cheval qui recourbe les
 reins et bondit comme un dauphin. Il se penche à vider les
arçons, mais il ne peut saisir qu'un pan de la petite robe.
Les épaules et le cou de la mère ont déjà disparu. Elle voit
son enfant sauvé, jette nu vieux soldat un regard d'ineffable
reconnaissance, ouvre les mains et se laisse couler,....
    Devant ce suicide sublime le capitaine ressentit une com-
motion électrique. Il n'avail jamais rien vu d'aussi grand.
Pour retrouver la victime volontaire de l'amour maternel,
longtemps il tourna dans le sillage des sapins ; mais ses
recherches furent inutiles, el comme Wagram perdait haleine,
il dut regagner la berge, furieux et désolé de ne ramener que
l'enfant.
    L'inondation était à sa période stafionnaire. Il rentra donc
chez lui ; roula dans une couverte ce petit corps bleui par le
froid, lui fit boire deux doigts de vin chaud et bouchonna
Wagram comme au retour des baignades réglementaires.
Après quoi il alluma une pipe et tint conseil.
    L'enfant pouvait avoir dix-huit mois. Qu'en faire ? Le mettre
à l'hospice? C'était l'idée la plus simple ; mais chaque fois