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                 LES DEUX PLATS D ' É P I I N A R D S .    413

    — Ah! cher maître, répondit Paul Rives, mon séjour à
 Paris, où j'ai fait mon droit, m'a seul empêché de venir vous
 voir, el, arrivé depuis peu, j'accours vous remercier de vos
anciennes bontés pour moi et en solliciter de nouvelles. Puis
Paul Rives mil le vieux auteur au courant de ce qui lui était
advenu, et que les lecteurs savent déjà.
    Après l'avoir attentivement écouté, M. Verbois fit a Paul
beaucoup d'observations sur le genre de composition auquel
 il voulait se livrer exclusivement.
    — Mon jeune ami, lui dil-il, la nouvelle a vécu d'amour
assez longtemps, elle me semble en avoir épuisé toutes les ten-
dresses; je désirerais fort que vous cherchiez à la rendre ins-
tructive et morale comme nombre d'écrivains ont déjà tenté
de le faire; par cela môme que cette production est universel-
lement goûtée maintenant, elle pourrait avoir une très-salu-
taire influence sur ses innombrables amateurs Celte fureur
qui s'est emparée de votre esprit de publier les attachements
de vos amis sous forme de romans ne me semble ni convena-
ble vis-à-vis d'eux, ni bien favorable pour atteindre votre
but. Vous voyez d'ailleurs comme elle vous a peu réussi, et
comment une bosse et des coutures ont barré malencontreu-
sement votre essor.
   Et comme Psul Rives promenait ses regards sur les tableaux
et les dessins qui ornaient le cabinet de M. Verbois et en fai-
saient un joli petit musée :
   — Tenez, lui dil-il, voilà parmi ces tableaux de Diday el
de Calame, que vous admirez sans doute, deux peintures qui
ressemblent mieux à des légumes cuits au beurre qu'à des
paysages peints à l'huile ; eh bien ! leur vue me flatte davan-
tage que pourrait le faire celle de chefs-d'œuvre; peut-êlre
les circonstances auxquelles je les dois seraient de nature à
vous fournir le sujet de nouvelle que vous cherchez vaine-
ment.