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                         ORIGINES DE LUGDCNUM                           365
   S'alarme au fanatisme irréconciliable des vieux Gaulois, et ren-
   dait insensible aux générations nées depuis la conquête la tran-
„ sition de la religion ancienne à la religion de l'Empire. Mais le
   plus difficile était de recruter dans les rangs du druidisme
  un ministre qui osât se charger de cette responsabilité redoutable
  d'une installation religieuse. La fortune, heureusement, vint au
  secours de ia politique impériale. Les Édues, les plus anciens
  alliés du peuple romain, surpassaient en civilisation les autres
  Celtes chevelus. Déjà, au temps de Cicéron, un druide éduen,
  Divitiac, prenant l'initiative d'une tolérance inouïe parmi ceux de
  sa caste, s'était lié d'affection, dans Rome même, avec les per-
  sonnages les plus éclairés du temps. L'immortel auteur des Tus-
  eulanes s'est plu à faire l'éloge du caractère et de la science de ce
  saronide sorti des forêts sacrées de la Comata. Son exemple qui,
  très-probablement, trouva de nombreux imitateurs, ne dut pas
  être sans influence sur cet affaiblissement des idées de fanatisme;
  observé chez les classes élevées de la république éduenne, à
  l'époque où je suis parvenu. Depuis Divitiac, le temps avait mar-
  ché, un autre esprit s'était formé. Ce fut dans ce milieu de mœurs
  adoucies que C. Julius puisa le courage de céder au désir d'Au-
  guste ; il s'y résigna d'autant plus volontiers qu'il semble avoir
  été lié à la maison des Jules par les chaînes étroites de la clien-
  telle. A défaut d'autres preuves, le prénom et le nom de ce per-
  sonnage le signalent comme un dévoué de cette maison devenue
  si puissante. Quoi qu'il en soit, il est avéré qu'il né se refusa pas
  à faire pénétrer au cœur des institutions religieuses de son pays
  l'opiniâtre empiétement du Capitole.
      Bien mieux, et j'appelle l'attention sur ce fait, ni les monu-
  ments pompeux, nommés l'Autel de Rome et d'Auguste, ni les prê-
  tres chargés d'en desservir le culte n'avaient eu le temps de naître.
  Telles que l'histoire les raconte, les circonstances préliminaires
  de l'inauguration n'admettent qu'un état provisoire. On en a la
   preuve quant au cérémonial et au sacerdoce : ils ne furent ins-
  titués que sous Tibère. Deux passages de Tacite l'affirment, deux
  textes formels (1). Comment, alors, accorder au vote de 744 la por-

    (1) Inter quœ, tribuni plebei petivere ut proprio suraptu ederent ludos,