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ORIGINES DE LUGDIWUM. 363 de choisir un autre prétexte. S'il fit choix de celui-là , c'est, évidemment, qu'il lui permettait d'offrir aux intéressés la pers- pective d'un arrangement de nature à les satisfaire (1). On conçoit, en effet, que l'annonce d'un projet d'autel en l'honneur d'Auguste, mise en circulation parmi les naturels de la Gaule, ait dû accroître leur irritation déjà si grande. L'intro- duction de cette religion étrangère leur présageait la ruine im- minente du culte national installé dans le német du confluent, et l'abolition prochaine des institutions indépendantes dont ce culte était l'appui le plus ferme. Mes lecteurs connaissent le résultat des délibérations; je n'y reviendrai pas. J'ajouterai seulement que l'empereur, ce fin po- litique, eut l'adresse de mettre à la charge de la Gaule les dépen- ses de la construction votée à sa divinité de fraîche date-, c'est ce que démontre le récit de Strabon (2) : dans ce récit, fort clair, du reste, yj>iï>ri n'indique pas autre chose que l'assujettissement solidaire de tous les membres de la nation, T O V O TW« roda-râv, TCTV aux conséquences financières de la proposition de Drusus. Pour être valable, le vote de la diète n'eut même besoin que de la majorité des voix. Les décisions de ce genre devaient être un axiome fondamental des réunions politiques gauloises : il leur était prescrit par la constitution de la société qui les déléguait Dans les délibérations de la Gymro-Celtiqùe l'homme indivi- duel avait très-souvent une valeur redoutable : derrière lui se tenaient sa gens, sa clientellc et ses alliances (3). Déjà , lorsque (1) Les auteurs de la collection de D. Bouquet, Artaud et quelques au- tres écrivains ont conclu des termes de l'historien grec que l'inauguration de l'autel d'Auguste avait précédé la convocation des délégués de la Gaule. Celte hypothèse a l'inconvénient de passer à côté de la question ; de plus elle manque de base, les dates des deux solennités, absolument synchroni- ques, correspondant aux premiers jours de l'an de Rome 744. Suétone est d'accord sur ce point avec Tite-Live. « Claudius natus est, J. Antonio et F. Africano consulibus, calendis Augusti, Lugduni, eo ipso die quo primum ara ibi Augusto dedicata est » (Sueton., in Glaud., 1). (2) V. ci-dessus, note (17). (3) « Atque eorum (equitum) ut quisque est génère copiis que amplissi-