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320 SAINT MAURICE ET LA LÉGION THÉBÉENNE. et le divin Maximien Hercule revenait triomphant à Rome. A ce triomphe, il manquait encore une légion. Aujourd'hui, quand on sort de Saint-Maurice pour aller à Martigny, on distingue, à un quart-d'heure de la ville, sur une colline appelée Varoliez, à droite de la grand'route, une chapelle assez simple, mais que viennent visiter de nom- breux pèlerins dans le mois de septembre. Le site est gran- diose et gracieux tout a la fois ; il semble naturel qu'une grande scène ait dû se passer là . C'est en effet cette colline qui a bu le sang des Thébéens. APPENDICE. Je ne sais quel accueil est destiné à ce récit. Les morceaux de ce genre courent un danger sérieux, celui d'être traités d'amplifications, de roman, de légende arrangée a la mode de l'auteur. Il ne faudrait pas cependant que la crainte de ce reproche éloignât la littérature d'une veine féconde où elle peut exploiter de riches filons. L'histoire est un squelette que l'imagination, contenue dans une sobre mesure, peut recou- vrir de muscles vigoureux et de chairs éclatantes. On peut arriver à l'intuition du vrai et du probable par la concentra- tion des idées ; on peut, en s'isolant dans un point du passé, et en s'identifiant avec lui, lui rendre la vie, la couleur et la réalité. Le peintre ne procède pas autrement quand il reproduit sur la toile un épisode historique. La Cène, de Vinci, l'École d'Athènes, et la Bataille du Grà nique ne sont que des intuitions. Le tout est d'avoir la vision nette et lucide de ce qu'on veut peindre ou grouper. Elle ne peut jaillir que d'une communion intime avec l'époque historique où l'on s'abstrait, que d'une connaissance approfondie du milieu où