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CORRESPONDANCE. 303 Sans doute, pendant longtemps encore, le roman se mêlera à l'histoire, dans plusieurs chapitres de la vie de Molière et de sa troupe. Mais la critique aurait tort de n'accueillir, dans les questions à l'étude, que les données rigoureusement établies ; elle ne doit écarter que l'erreur, et s'appliquer à dissiper les doutes. Aussi, malgré l'intérêt avec lequel on lit une Étude de M. Muller, publiée dans la Revue des Provinces sous ce titre : Une dynastie poétique ou deux chapitres proba- bles du Roman de Molière, avec l'épigraphe : « Si non è vero, è possibile » (1), il faut se défendre contre le charme de semblables inventions. « Un homme averti en vaut deux, » dit le proverbe. De tous les dictons populaires, c'est peut-être le moins exact. Les aveux d'un auteur ne suffisent pas toujours à faire évanouir de trompeuses im- pressions. Et quand M. Muller nous fait assister au rou- lement de tambour et à la crie qui annonçaient à Saint- Etienne l'heure prochaine de la comédie, lorsqu'il expose toutes les particularités d'une visite de Molière aux trois Chapelon dans la boutique de coutelier tenue par les poè- tes foréziens, lorsqu'il décrit leur entretien, quand il ra- conte les circonstances fortuites qui l'ont amené et les souvenirs que dix-sept ans plus tard le célèbre comédien en avait retenus, on se prend à donner tort aux réserves de l'auteur. Mais son œuvre n'est bien que le fruit de son imagination. Il aurait pu toutefois être plus heureux dans le choix delà date qu'il a assignée à cette rencontre. L'automne de 1655 est en effet la seule saison durant la- quelle l'excursion de Molière à Saint-Etienne ait été im- possible entre les années 1652 et 1658. Ce détail suffirait (1) Revue des Provinces, t. 111, p. 6 h 35 et .p. S96 à 425. Paris, 1864, in-8.