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230                            BENSERADE.

   Boileau répondit à Brosette le 12 mars suivant :
.«       J'ai sçeu autrefois le nom de l'auteur du Rondeau
dont vous me parlez, et j'ai vu l'auteur lui-mesme ; c'étoit
 un homme, qui, je crois, est mort, et qui n'estoit pas hom-
me de lettres. Le Rondeau pourtant est joli ;. il accusoit
 des gens du métier de se l'estre attribué mal-à-propos, et
de lui en avoir fait un vol (1). Peut-estre, au premier
jour, je me souviendrai de son nom, et je vous l'escrirai.
Entendons-nous bien toutefois : dans le Rondeau dont je
vous parle, il n'y avoit point Où s'enyvre Boileau ; ainsi
j'ai peur que nous prenions le change        »
   Brossette répondit à Boileau le 31 du même mois :
 «     Nous ne prenons point le change à l'égard du Ron-
 deau ; il est vrai qu'il commence ainsi :
                A la Fontaine où l'on puise cette eau
                Qui fait rimer et Racine et Boileau ;


   Mais on le donne aussi de cette autre manière :
                A ïa Fontaine où s'enyvre Boileau,
                Le grand Corneille et le sacré troupeau,


et c'est cette diversité qui m'a jeté dans l'erreur, en vous
désignant le Rondeau par son mauvais côté         »
   Boileau mourut sans avoir pu satisfaire la curiosité de
son correspondant, qui, toujours tourmenté de soulever
le voile de l'anonyme, écrivit à Jean-Baptiste Rousseau,
le 25 juin 1719 : ...... Les Fables de La Motte sont im-
primées, et bien des gens leur refusent leur admiration....
Comme l'édition est fort belle et ornée de magnifiques

   (1) Il est à croire que ceux qui s'attribuaient le Rondeau y avaient fait
des corrections, et c'est pour cela qu'il nous offre les variantes que j'ai
signalées.