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HOMÈRE. i29 que succès les questions si diverses qu'ils suggèrent 'a une curiosité intelligente ; car seuls ils nous offrent les éléments nécessaires pour résoudre ces difficultés. Seuls ils peuvent nous apprendre ce qu'était dans sa poétique jeunesse ce peuple grec qui depuis a fait dans le monde une si belle et si flère figure; seuls aussi, en l'absence de tout renseigne- ment certain, ils peuvent nous fournir quelques données pour la question si controversée de leur origine et de leur auteur. Homère est historien presque autant que poète ; c'est même le seul historien des temps primitifs de la Grèce, puisque jusqu'aux guerres médiques nous n'avons pour ainsi dire que lui. Aussi Hérodote, Thucydide, et tous ceux qui plus tard ont voulu remonter a ces lointaines origines, en appellent-ils perpétuellement au témoignage du poète, soit sur les faits qu'ils rapportent, soit sur des détails de moeurs et de coutumes, comme plus tard les géographes, Strabon, Pausanias, invoquent son autorité pour établir l'antiquité des villes qu'ils décrivent, ou en déterminer le site. On a même remarqué ingénieusement qu'Homère est en quelque sorte le père de l'histoire. Hérodote lui a emprunté ses formes de récit, sa méthode d'exposition, qui après avoir jeté le lecteur au cœur même du sujet, le promène par une suite d'épiso- des, soit dans le passé, soit a droite et à gauche, sur tout ce qu'il juge intéressant ou important à connaître. Ces longs discours qu'Hérodote met dans la bouche des chefs grecs ou barbares, et où leur caractère, leurs sentiments, bur physio- nomie morale se peignent en traits si vifs et si dramatiques, c'est encore une imitation d'Homère, que tous les historiens de l'antiquité, jusqu'au grave Tacite, ont imitée à leur tour, comme une tradition de leur art, pour nous faire connaître sûrement leurs personnages sans tomber dans la disserta- tion. Mais l'histoire doit à Homère quelque chose de plus pré- 9