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418                     ORIGINES !>E LUGDUNCM.
Au temps de leur vogue, ces foires revenant à de longs intervalles
fixes, conservaient encore quelque chose de la physionomie des
marchés primitifs de la Gaule hégémone.
   Si j'examine le programme des fêtes de l'ara Bornœ et Augusto,
tel que le donnent les Anciens, il m'est impossible d'y voir autre
chose qu'une institution festive des Celtes, antérieure au premier
siècle de l'ère vulgaire. L'assemblée politique dont je vais bientôt
discuter la soi-disant inauguration par Drusus , cette assemblée
est celtique ; celtique l'assaut d'orateurs et de poètes, ludi mi&cclU ;
c'est une greffe latine entée sur le fameux concours bardique,
Cad barzou, qui décidait,dans les solennités nationales, du srérite
des bardes (14) ; celtique le marché , mercatus , navhyvpic [15) ;
celtique en un mot l'immersion dans le fleuve ou dans un canal
des malencontreux vaincus du concours. Je ne sais quelle absurde
 et cruelle variante a pu coudre à cette dernière partie du pro-
 gramme l'insensé Caïus, mais, chez les Gaulois, cette partie, aussi
 gaie qu'innocente, n'était que ce que nous nommons la petite-pièce:
 tandis que le vainqueur allait s'asseoir, chef glorieux des bardes
de sa circonscription, à la place d'honneur dans le palais du bre-
 nyn (16), le vaincu, aux applaudissements de la foule, passait par

   (14) M. de Villemarqué, Ouvr. cit., kl.
   (15) Durant la tenue de ses états nationaux, Lugudunum devenait, ni
plus ni moins que les autres lieux d'assemblée de la Celtique, un marché
véritable, théâtre de transactions étendues. « In principio mercatus qui hic
celebrari solet, quippe est, propter frequentiam hominum ex omnibus eo
gentibus commeantium, multorum sermono nobilitatus. » {Lett. des chrét.
de Lugdunum, ap. Enseb., Hist. eccl., 1. v, c. 1). Le texte gr. dit 7rav-ij-
•yvioiç, grande assemblée ou solennité, qui peut s'entendre à la fois de la
cause, de l'objet, et de la conséquence de la réunion. — Les Hellènes Am-
phictyoniques, que relient aux Gaulois tant d'affinités de mœurs et de cou-
tumes, possédaient à Delphes et aux Thcrmopyles deux capitales tempo-
raires, où les séances du conseil amphictyonique, attirant une foule im-
mense, devenaient l'occasion de foires et de jeux publics (A.. Maury, Ptélig.
de la Grèce antiq., t. n, p. 15).
  (16) Le candidat, qui remportait le prix de Vauien, inspiration, était
ceint d'une écharpe bleue et installé sur un siège d'or. Il s'asseyait à la