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60 LA BELLE REGAILLETTE. III. Tous les matins, il y avait petit-lever, où se rendaient les jeunes gentilshommes les plus élégants , les plus nobles et les mieux placés dans les faveurs royales. Là , sous le prétexte des sérieux intérêts de l'Etat, on par- lait au jeune roi de mille choses futiles. Or, voici ce qu'il advint dans un de ces petits-levers : Le roi, enveloppé d'une robe de chambre à grands rama- ges de soie et d'or, était devant sa toilette, solennellement assis dans un fauteuil, orné de sculptures et d'incrustations de nacre et d'ivoire ; car on sait que les splendeurs de la cour , aussi bien que l'étiquette, suivaient Louis XIV dans ses voyages ; c'est ce qui a fait dire à Lusbek , dans les Lettres Persanes : « Partout et toujours le roi de France est magni- fique dans sa personne, dans ses meubles et dans ses bâti- ments. » Une glace de Venise , entourée de sa bordure richement travaillée, était posée devant le jeune monarque. Un tapis de pourpre, rehaussé de crépine d'or, ornait le devant de sa toilette. Le valet de chambre de service avait sorti de l'armoire qui suivait habituellement le roi, une vaste perruque, et il ajus- tait sur les épaules de Sa Majesté les rouleaux ondoyants de cette chevelure luxuriante. — « Evitez qu'on approche de l'armoire, » dit le Maître de la garde-robe du roi. C'était une manière adroite de faire la cour à Sa Majesté ; car les perruques jouaient un grand rôle à Versailles, et c'é- tait une grande affaire pour Louis XIV que les soins à appor- ter à cet ornement indispensable et grave de la Majesté royale. Des autographes inédits du roi nous fournissent, -à cet