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LE CHATEAU DE CARILLAN. 441
au milieu d'îles gracieuses dans leur verdure, dans leur so-
litude, en présence de sites ravissants. Mon bon maître
m'apprit à manier le crayon, ce qui fut à mes yeux un nouvel
attrait de nos promenades. Un jour, il se décida, sur mes ins-
tances , à faire avec moi la traversée de Paris. Nous fûmes
enchantés de celte excursion véritablement artistique,au point
que nous la recommençâmes plusieurs fois.
« Pendant les vacances que je vins passer à Besançon,
près de mon père, je réfléchis que notre rivière présente
aussi de forts beaux sites avec autant de piquantes vicissi-
tudes que la Marne, pour celte navigation pittoresque et
aventureuse que j'y avais apprise. Deux ou trois fois, Gérard
et moi, montés dans un bateau de pêcheurs, nous fimes d'in-
téressantes excursions, dans lesquelles nous tenions tour Ã
lour, avec un égal plaisir, la rame et le crayon.
« A mon retour de Paris, j'avais fait emplette de cette
embarcation qui nous porte. Je la ramenai ici après m'en
être souvent servi sur la Marne, pour visiter mon maître que
j'avais dépassé dans mes progrès. Nous consacrâmes, Gérard
et moi, nos loisirs à courir sur l'eau, aux alentours de
Besançon, dont nous dépistions tous les jolis sites. Le docteur
Alfred, qui est passionné pour la flânerie spirituelle, se joignit
à nous, ainsi que deux ou trois autres camarades. Le cercle
de nos excursions s'agrandit peu à peu, et voilà comment nous
avons eu l'idée de v;nir te prendre dans ta ville donl nous
connaissions déjà le chemin.
« Je pensais que nous pourrions arriver ce soir môme Ã
Besançon ; mais la politesse que tu as eue de me retenir Ã
Dôle, nous empêchera d'être de retour avant demain vers
midi. Nous ferons le trajet de nuit, ce qui est infiniment pit-
toresque, et ce relard ne nous sera qu'agréable, car nous ne
nous sommes point embarqués sans précautions, ni sans
biscuit. »