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POÉSIE.
LA CHÈVRE ET LE CHOU.
Un homme qui se croyait sage,
Et qui n'en était que plus fou,
Croyant y trouver avantage,
Ménageait sa chèvre et son chou.
Il narguait ses voisins et proclamait sans cesse
Son savoir-faire et son adresse,
Montrant avec orgueil, auprès de l'animal,
Le chou devenu colossal.
Or, Jeannette, un beau jour, trompant la surveillance
De son maître trop confiant,
Ne se fit pas souci de braver sa défense
Et de croquer le légume friand.
Hélas ! la gourmande chevrette
De sa faute subit dure punition,
Car, le soir même, la pauvrette
Trépassa d'indigestion.
N'imitons pas ce politique
Qui pensait ménager et la chèvre et le chou :
Il perdit tout, par sa belle tactique,
Et, de riche, fut sans le sou.
J. DE LUBAC.
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