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402                     LES VILLEROY.

légitimés, le vieux roi leur cherchait des appuis capables
de consolider l'échafaudage de leur'grandeur usurpée. Il
comptait donc sur les nombreux liens qui rattachaient
Villeroy au parti du duc du Maine. Cependant, après la mort
de son maître, le maréchal, membre du conseil de régence,
se donna plutôt des airs d'indépendance. Son esprit borné
l'abusa sur sa propre valeur. Il se crut appelé à jouer un
rôle par lui-même. Nourri des mémoires du cardinal de
Retz , il voulait être le duc de Beaufort d'une nouvelle
Fronde , et se posait en ami du parlement et des halles ,
affectant d'ailleurs un désintéressement théâtral. Le fait est
qu'à force d'être revêtu d'emplois eminents et de s'entourer
des dehors d'une supériorité factice, Villeroy avait fini par
 en imposer à de plus grands et à de plus habiles que lui.
Le régent le combla d'avances souvent inutiles. En 1717,
 par exemple, quand expira certain privilège régulièrement
 renouvelé tous les six ans depuis 1699 , et d'après lequel
 Lyon faisait à son gouverneur une rente annuelle de cin-
 quante mille livres, le duc d'Orléans offrit en vain au ma-
 réchal que cette faveur lui fût continuée jusqu'à sa mort.
 C'eût été très-bien de la part de Villeroy s'il n'eût pas tait
 sonner si haut son refus, et surtout si ses pouvoirs sur les
 revenus de notre ville eussent été moins étendus et moins
 occultes. Mais ce qui rendait le maréchal particulièrement
 insupportable, c'étaient [les précautions excessives dont il
 entourait la personne du roi. Si le régent avait daigné ou-
 blier les calomnies indignes que la mort prématurée du duc
 et de la duchesse de Bourgogne avait fait circuler, et dont
 le maréchal avait-été un des plus ardents à se rendre l'écho,
 l'honneur du prince s'irritait à juste titre de la vigilance
 calculée avec laquelle Villeroy semblait avoir pour but de
 prévenir des tentatives imaginaires d'empoisonnement. Sa
 chute fut plus d'une fois mise en question par le régent. La