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DU VITALISME. 453 s'attachent qu'à décrire exactement les résultats de leurs recherches. Par leurs efforts, les faits, après avoir subi les verificationsnecessaires, sontconstatés,admis, enregistrés et forment la base plus ou moins solide, plus ou moins com- plète et plus ou moins définitive de la science biologique. Les seconds élaborent ces matériaux, les rapprochent ou les séparent, déterminent entre eux des rapports de ressem- blance ou de différence, dans le but de les classer; puis ils arrivent a formuler des lois de coïncidence, de succession, d'accord ou d'antagonisme, et finissent par donnner a cet ensemble le caractère d'une série qui a sa place dans l'es- pace, son évolution dans le temps, et son titre de partie intégrante dans l'ordre universel. Les autres enfin plus ambitieux veulent monter plus haut. Non contents d'affirmer, au nom de l'axiome : pas d'effet sans cause, que les phénomènes de la vie reconnaissent une cause, ils veulent que cette cause ait une existence propre, celle d'un être distinct des êtres vivants eux-mêmes, ils lui assignent un siège, veulent la définir en elle-même, en dé- terminer l'essence, la nature. Alors les plus sages se con- tentent d'admettre la force vitale dans une simple imma- nence sous le nom de propriétés vitales, pendant que les autres en font un principe vital, un agent, une substance, en quelque sorte une âme vitale, et commencent ainsi, dès le deuxième échelon de la nature, l'application de ce sys- tème de transcendantalisme, si énergiquemeni flagellé par le plus fougueux des critiques modernes. Et pourquoi, dira-t-on, n'y aurait-il pas une âme vitale ou végétale, une âme pour les plantes comme pour les ani- maux? Sans doute je puis y croire; mais je ne puis le sa- voir. Ce que je sais mieux, c'est que je n'ai aucune prise directe sur cette âme par l'observation, par l'analyse, par l'expérimentation ; je ne sais ni ce qu'elle est, ni ce qu'elle